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    -       -   Enzo ? Enzo ?!!!

    Je cours à travers la maison, le cœur au bord de l’explosion. Enzo, 3 ans a disparu. Je traverse les pièces, passe et repasse mais la panique m’empêche de penser clairement. Mais où est-il passé ?!!! J’ouvre la porte d’entrée, regarde dans la petite et unique rue de la résidence privée qui abrite notre maison, mais rien. Je traverse à nouveau la maison, le souffle me manque, j’ouvre les baies vitrées, le froid me saisit mais je ne suis plus que du vide. J’appelle, je crie même :

    -        -  Enzo ?!!! Ou es-tu ?!!!

    Personne dehors. Je remonte quatre à quatre les escaliers qui mènent aux chambres. Mon esprit tourne en boucle : « Il peut se mettre en danger ! Il peut se mettre en danger ! ». Je voudrais le faire taire pour pouvoir réfléchir mais il est obstiné celui-là quand il s’y met. J’ouvre une à une les portes des quatre chambres mais toujours rien.

    Soudain, je m’arrête. Ce petit bruit… J’entends fortement les battements de mon cœur mais je fais un effort désespéré pour tendre l’oreille et retrouver ce petit bruit. Je parviens à le localiser dans ma chambre. Je m’avance, un vrai robot qui se dirige guidé par ce petit son échappé de je ne sais où.

    Face au grand placard blanc, je m’apprête à ouvrir la porte coulissante. La peur a arrêté les battements qui m’assourdissaient. Il n’y a plus que ce petit bruit derrière cette grande porte blanche.

    Tout doucement, je la fais coulisser. Mes yeux se baissent alors vers une scène totalement irréelle.

    Mon petit bonhomme est là.

     Recroquevillé sous l’étagère la plus basse, il semble hypnotisé par l’immense Père-Noël automate qu’il tient dans ses bras.

    Le silence devient d’un seul coup pesant. Il y a juste ce bruit persistant, agaçant, celui du Père-Noël qui hoche la tête d’avant en arrière, imperturbable, effrayant. Sa petite lanterne allumée qui éclaire faiblement le visage d’Enzo, les yeux écarquillés devant ce balancement permanent.

    -         Enzo, dis-je à voix basse, il faut sortir de là. Tu ne peux pas rester dans le placard. Donne-moi le Père-Noël s’il te plait.

    Enzo ne semble pas m’entendre. Je suis transparente, inexistante.

    Je m’approche et m’accroupie près de lui et prend avec une lenteur épuisante l’automate qu’Enzo tient si fort dans ses bras.

    Il lève enfin la tête vers moi. Son regard est vide. Il ne semble pas comprendre ce que je suis en train de faire. J’ai presque la sensation d’être toujours transparente, comme s’il regardait à travers moi.

    Sur son visage, aucune expression ne se dessine, il a l’air hébété, drogué presque avec le tour de ses yeux rougis d’avoir été un long moment dans le noir.

     

    Je le tire doucement jusqu’à moi et le serre fort contre moi. Je sais à cet instant que quelque chose ne va pas avec mon fils et j’ai peur.

    Maman F.


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